Microsoft peut-elle acheter Activision ? 5 raisons qui pourraient faire échouer la vente

Microsoft peut-elle acheter Activision ? 5 raisons qui pourraient faire échouer la vente

Le rachat d'Activision Blizzard par Microsoft pour 68,7 milliards de dollars US est loin d'être terminé. Cette transaction historique soulève de nombreuses questions et doit encore franchir plusieurs obstacles.

Microsoft rachète Activision Blizzard, l'un des plus grands éditeurs du secteur ? Cela semble impensable, et pourtant : les deux entreprises ont conclu un accord de 68,7 milliards de dollars, dans lequel des licences fortes comme Call of Duty, World of Warcraft et Candy Crush tomberont dans l'escarcelle de Xbox. Les conséquences seront bien sûr nombreuses... mais avant qu'un Call of Duty ou un WoW exclusif à la Xbox ne se retrouve dans le Game Pass, l'acquisition doit passer par toute une série d'étapes juridiques et obtenir le feu vert des autorités compétentes. Microsoft prévoit une conclusion d'ici juin 2023, mais ce ne sera pas une mince affaire.

C'est le principal obstacle au rachat d'Activision Blizzard par Microsoft. Aux États-Unis, mais aussi en Europe, les autorités antitrust veillent. Elles sont là pour garantir une concurrence juste et équitable entre les entreprises, au bénéfice des consommateurs. Leurs pouvoirs sont importants puisqu'elles peuvent bloquer purement et simplement toute transaction. Déjà en 2021, le rachat de Zenimax / Bethesda par Microsoft pour 7,5 milliards de dollars a dû être approuvé par la Commission américaine des opérations de bourse et la Commission européenne. Mais nous parlons ici d'une acquisition d'une toute autre ampleur, qui permettra à Microsoft de devenir le numéro 3 mondial du jeu vidéo (en termes de chiffre d'affaires), derrière Tencent et Sony. Le géant américain sera en mesure de proposer davantage de contenus exclusifs pour ses plateformes, dont des licences comme Call of Duty et WoW, qui attirent des dizaines de millions de joueurs. Et ceux-ci seront potentiellement contraints de se tourner vers Xbox, au détriment de Sony et Nintendo. Un point qui pourrait poser des problèmes de concurrence.

Le caractère historique de cette acquisition laisse planer de nombreuses incertitudes. Il ne s'agit pas seulement de la plus grande acquisition en espèces dans le monde des jeux vidéo et de la technologie, mais aussi dans tous les autres secteurs. Il y a donc peu de points de comparaison qui permettraient de prédire ce qui pourrait se passer. Ce qui est sûr, c'est que la transaction sera suivie de très près, si bien qu'elle pourrait s'éterniser, à l'instar du rachat d'Arm par Nvidia pour 40 milliards de dollars. Annoncée en septembre 2020, cette acquisition s'est heurtée à une forte résistance de la part des autorités de la concurrence, et certains analystes pensent qu'elle tombera tout simplement à l'eau. Bien sûr, chaque rachat a ses spécificités dont il faut tenir compte, mais cela montre que les autorités antitrust veillent au grain.

Activision Blizzard n'est pas seulement synonyme de jeux qui font un tabac sur PC et consoles. L'éditeur américain possède également King, le développeur de la machine à sous Candy Crush, ainsi que la Major League Gaming, l'un des plus grands organisateurs de tournois d'esport. D'un seul coup, en sortant simplement son chéquier, Microsoft va donc accélérer sa croissance dans plusieurs secteurs clés : Les jeux pour PC et consoles, les jeux pour téléphones portables, l'esport, mais aussi le métavers, l'un des grands défis des prochaines années. Là encore, il y a un risque de déséquilibre du marché qui devrait attirer l'attention des autorités antitrust.

L'été dernier, le président américain Joe Biden a signé un décret visant à renforcer la lutte contre les pratiques anticoncurrentielles, notamment dans le secteur de la technologie. Alphabet (Google) et Meta (Facebook), en particulier, font l'objet d'enquêtes et de plaintes pour abus de position dominante. Jusqu'à présent, Microsoft a échappé à cette nouvelle politique de contrôle des "big tech", mais cela pourrait changer avec l'acquisition d'Activision Blizzard. Les autorités américaines devront s'en occuper sérieusement pour ne pas perdre la face, comme l'explique l'analyste Gene Munster : "Si Washington ne fait rien, imaginez ce que ce sera dans un an ou deux, quand ils parleront de renforcer la réglementation. Je pense que personne n'y croira, la plupart des entreprises ne croiront pas qu'ils vont renforcer le contrôle", a-t-il déclaré à CNBC.

La plupart des acquisitions se font dans l'ombre, sans faire beaucoup de bruit. Ici, c'est exactement le contraire. Non seulement en raison de l'ampleur du rachat, mais aussi parce qu'Activision Blizzard est sous les feux de l'actualité depuis quelques mois déjà, suite à une vague d'accusations de harcèlement, de sexisme et de discrimination au sein de l'entreprise. Plusieurs procédures judiciaires sont en cours, tandis que les employés continuent de protester contre les mesures jugées insuffisantes prises par leur direction. Microsoft doit traiter cette affaire délicate avec la plus grande prudence, car elle pourrait freiner le processus d'acquisition.