Ne croyez surtout pas que je hurle | ARTE Kino | ARTE Cinema

Janvier 2016. L’histoire amoureuse qui m’avait amené dans le village d’Alsace où je vis est terminée depuis six mois. À 45 ans, je me retrouve désormais seul, sans voiture, sans emploi ni réelle perspective d’avenir, en plein cœur d’une nature luxuriante dont la proximité ne suffit pas à apaiser le désarroi profond dans lequel je suis plongé. La France, encore sous le choc des attentats de novembre, est en état d’urgence. Je me sens impuissant, j’étouffe d’une rage contenue. Perdu, je visionne quatre à cinq films par jour. Je décide de restituer ce marasme, non pas en prenant la caméra mais en utilisant des plans issus du flot de films que je regarde.

"J'ai vu plus de 400 films entre avril et octobre 2016. Les images qui suivent en sont toutes issues." Sept mois plus tôt, Frank Beauvais se séparait de son compagnon, avec lequel, fuyant la précarité parisienne, il s'était installé "dans un minuscule et pittoresque village d'Alsace bossue", à proximité de sa mère et d'une nature opulente. Dans une France en état d'urgence, grignotée par la peur et la suspicion, le réalisateur quarantenaire, en exil désormais subi, noyait alors son désarroi dans les oeuvres des autres, tout en triant, tel un "Sisyphe au pays du bretzel", les milliers de livres, CD et DVD sous lesquels il s'était enseveli au fil des années, en vue d'un déménagement salutaire à l'automne...

Introspection lucide

"Pépites hollywoodiennes pré-code Hays", "incunables du cinéma soviétique", "drames allemands" ou encore "gialli" (mélange italien de thriller et d'érotisme) puisés dans la malle aux trésors de la Toile forment la matière visuelle de cette chronique d'une claustration, traversée par les échos dramatiques du monde, hantée par les fantômes d'un amour enfui et d'un père "antinomie". Illustratifs ou évocateurs, les fragments filmiques assemblés nouent un dialogue tour à tour poétique, humoristique et énigmatique avec le texte, admirable, déroulé d'une voix monocorde. Condensé des angoisses existentielles, des colères politiques et de l'impuissance lucide d'un homme face à une société livrée à l'obsession sécuritaire et à la satisfaction consumériste, un journal intime d'une puissance sidérante.

Disponible jusqu'au 31/07/2023

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